Le Genre et la Loi au Maroc et au Canada, approches comparatives
2017-05-19 2017-05-20
L’ Equipe de Recherche Identité et Différence et The Center for Feminist Research at York University, Canada
Organisent
Un colloque international sur « Le Genre et la Loi au Maroc et au Canada, approches comparatives » les 19-20 Mai 2017,
Salle Nidae Essalam de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Oujda
La recherche fondée sur le concept genre et les analyses que cela permet d’entreprendre ont cet ultime objectif qui est de mettre la recherche au service d’une meilleure connaissance de nos sociétés et de leurs modes de fonctionnement. Ainsi l’un des moyens les plus efficace de produire du savoir dans ce domaine est mettre toute la lumière sur la situation des femmes, sur les inégalités qu’elles subissent et les solutions qui peuvent leur être apportées. Les analyses produites par les études de genre constituent une contribution éminemment originale favorisant le renouvellement des connaissances en sciences humaines et sociales.
Dans cette perspective, le colloque sur «La loi et le genre » aspire à initier une réflexion et un débat sur le droit marocain par le biais de l’analyse genre. L’idée de faire du concept genre un instrument d’analyse des dispositifs juridiques qui concernent directement les femmes s’explique par le manque ou du moins la rareté des recherches sur le matériau juridique aussi bien dans sa technicité que dans ses procédés décisionnels. En effet, examiner le droit par le prisme du genre nous permet de comprendre les mécanismes de production et de perpétuation des inégalités, et de l’exercice de la domination. En un mot cela nous permet de mieux rendre compte des processus qui sont au cœur même de la vocation des sciences sociales. L’interprétation et la construction des jugements sont souvent conçues comme étant des raisonnements fondés sur la neutralité apparente du droit. Or, soumises à l’analyse genre, elle se révèlent être imprégnées de visions du monde profondément genrées. C’est le cas notamment, entre autres, du harcèlement et des violences sexuelles, les règles relatives à l’interruption de grossesse, la prise en compte de la vulnérabilité spécifique des femmes dans le cas la violence domestique, l’exercice de l’autorité parentale, le droit du travail, de la retraite etc.... C’est ainsi que le processus de construction des dispositifs juridiques révèlent les ambiguïtés du droit qui d’une part annonce comme objectif la mise en œuvre de l’égalitarisme juridique des conditions de tous et de toutes et en même temps érige des zones d’ombre et d’incertitudes qui renvoient aux ambivalences de ceux-là même qui l’ont produit,
permettant ainsi aux stéréotypes de genre de persister tant dans l’énonciation du texte que dans ses appropriations ultérieures.
L’analyse genre appliquée au droit (dans ses processus de construction et dans ses appropriations et la manière dont il est revendiqué par les femmes qui en plus d’en être les destinataires aspirent à en faire un moyen d’accession à l’égalité) permet de décrypter les mécanismes de catégorisation et de discipline des individus dans la société. Cette même démarche témoigne aussi de la capacité des femmes de s’en saisir comme un instrument de contre-pouvoir pour revendiquer ainsi une conception alternative et plus juste du droit.
Le colloque sur « la Loi et le genre » fait partie d’un projet commun qui vise à produire des connaissances pertinentes sur les politiques et qui envisage de proposer des stratégies d'éducation judiciaire culturellement sensibles centrées sur le Code de la famille et r les droits légaux des femmes.
Les objectifs du projet sont les suivants: enquêter sur les processus ainsi que les décisions des tribunaux marocains dans des affaires impliquant le droit de la famille; promouvoir la recherche sur l'applicabilité d'approches pédagogiques différentes à l'enseignement judiciaire marocain; et faciliter la collaboration entre Experts canadiens et marocains pour partager leurs compétences en matière d'enseignement judiciaire. Le colloque sera une occasion pour les experts dans le domaine du droit et des études de genre d'examiner les questions liées à la prise de décision judiciaire au Maroc et au Canada pour évaluer l'impact de la réforme du droit de la famille.